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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/158

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entre la france et l’angleterre.


patrie, il part. À peine arrivé sur les frontières de la France ses anciens compagnons volent à sa rencontre, et il se trouve à la tête de quinze cents hommes d’armes. Il visite les armées du duc de Berry et du duc d’Anjou ; sa présence redouble l’ardeur du soldat, qui se croit invincible, et jette la terreur chez l’ennemi. Les villes n’osent attendre ses attaques et ouvrent leurs portes ; le prince de Galles ne se croit plus en sûreté à Angoulême, il se retire à Cognac où il réunit toutes ses troupes. Mais Du Guesclin ne pouvoit prolonger son séjour en Guyenne ; le Roi lui avoit mandé de se rendre à Paris, où il vouloit lui remettre l’épée de connétable et le commandement de toutes les forces du royaume.

Robert Knolles, l’un des plus habiles généraux d’Édouard, étoit descendu à Calais avec une forte armée ; déjà il avoit parcouru plusieurs provinces, et Charles, toujours fidèle à son plan de défense, le faisoit harceler sans permettre qu’on le combattît. Son intention étoit de lui opposer le nouveau connétable, et pour être plus assuré que Du Guesclin ne hasarderoit aucune action, il ne lui donna que cinq cents hommes d’armes ; mais le généreux Breton vendit ses meubles, sa vaisselle, et jusqu’aux joyaux de sa femme pour lever des gens de guerre. La noblesse accourut auprès de lui, et bientôt il eut assez de troupes pour aller à la rencontre de l’ennemi, qui s’étoit répandu dans le Maine et dans l’Anjou. Il surprend les Anglais par la rapidité de sa marche, les enfonce, les disperse, les poursuit partout où ils se réfugient ; en peu de jours leur armée a cessé d’exister,