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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/189

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ANCIENS MÉMOIRES

Jean de Chandos, Robert Knole, Jean d’Andelette, tous fameux capitaines, étoient de la partie. Il y avoit même dans l’armée du Duc beaucoup de gentilshommes bretons, qui s’étoient engagez au service de Jean de Monfort, et qui prirent party dans l’armée angloise, pour luy donner des preuves de leur zèle et de leur fidélité. Le duc fit serment qu’il ne desempareroit point du poste qu’il avoit occupé qu’après la prise de la ville, et qu’il prétendoit planter son enseigne sur le haut des murailles de Rennes.

Bertrand, qui tenoit pour Charles de Blois, étoit aux écoutes, caché dans un bois avec ses gens, cherchant l’occasion de se jetter dans la place, et faisant toujours quelques efforts pour ce sujet. Il harceloit l’armée des ennemis, leur donnant toutes les nuits de nouvelles alarmes, ce qui fatiguoit fort les Anglois, qui devoient être toujours sur leurs gardes, et ne pouvoient ainsi reposer, ny dormir à loisir. Le duc fut curieux d’apprendre le nom du cavalier qui donnoit tant d’exercice à ses troupes. Un gentilhomme breton le lui déclina par de fort beaux endroits, luy marquant sa naissance, sa bravoure et son intrepidité dans les occasions les plus dangereuses, et l’adresse et la résolution qu’il avoit depuis peu fait paroître, quand il s’étoit saisy du château de Fougeray, dont il avoit surpris et tué toute la garnison. Ce prince, sur ce récit, conçut beaucoup d’estime pour Bertrand, mais il eût fort souhaité qu’il allât exercer son courage dans un autre païs, parce qu’il apprehendoit qu’un homme de cette trempe ne fût capable de troubler beaucoup le cours de son siège.

Guesclin, suivant toujours sa pointe, faisoit souvent