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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/211

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ANCIENS MÉMOIRES

et luy firent tout l’acueil qu’un seigneur de sa condition pouvoit attendre de leur honnêteté.

Le Duc monta donc sur les murs ; on luy présenta l’étendard d’Angleterre, pour s’aquiter de la ridicule cérémonie qui devoit le dégager de son serment. Il mit son enseigne sur le haut de la porte de Rennes avec autant de front et d’assurance que s’il en avoit fait la conquête. Bertrand luy voulut verser à boire luy même, et prit la liberté de luy demander où la guerre se devoit continuer dans la suite, car ce brave, qui ne cherchoit que les occasions de se signaler, apprehendoit de se voir hors d’œuvre après la levée de ce siège. Le Duc, ne pouvant se défendre d’admirer cette inclination martiale qu’il voyoit en luy, se mit à luy soûrire, en disant qu’il l’apprendroit bientôt et qu’il trouveroit un champ assez large pour exercer son courage et sa valeur. Mais ce prince eut un grand déboire, quand il apperçut qu’on jetta son enseigne par terre, avant même qu’il eût sorty la barrière, et que les assiégez faisoient de grandes huées sur luy. Ce luy fut une mortification qu’il eut beaucoup de peine à digérer, et qui le fit bien repentir de la démarche honteuse qu’il venoit de faire.

Comme il avoit donné sa parole de lever le siège, il fut religieux à la tenir : il fit plier bagage à ses troupes, et décampa tout aussitôt de la place, pour aller passer son hyver dans Auray, jusqu’à ce qu’il eût des nouvelles de Jean de Monfort, avec lequel il devoit s’aboucher pour prendre de nouvelles mesures pour la prochaine campagne. Charles de Blois ayant appris le peu de succès que le duc de Lancastre avoit eu devant Bennes, et le courage avec lequel Ber-