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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/213

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ANCIENS MÉMOIRES

grande diligence, qu’il eut le bonheur d’y entrer avec tout son monde, auparavant que les ennemis investissent la ville. Chacun se fit un mérite d’y partager le péril avec Bertrand. Olivier de Guesclin, son frère, et le Torboiteux, auparavant gouverneur de Rennes, voulurent être de la partie, dans l’espérance qu’ils pourroient défendre Dinan avec le même courage et le même succès qu’ils avoient défendu la capitale de toute la Bretagne.

    fait aller Du Guesclin en Normandie où il possédoit, auprès de Pont-Orson, une terre provenant de la succession de Jeanne de Malemains, sa mère. Là il le fait combattre en champ clos contre un chevalier anglois nommé Troussel. Quoique presque tous les historiens de Du Guesclin gardent le silence sur ce combat, la description que Du Chastelet en a puisée dans une ancienne chronique, nous a paru assez curieuse pour que nous croyions devoir l’insérer ici. Elle fait bien connoître les usages du tems.

    « Le jour étant venu le maréchal d’Andreghem, suivant la coutume de ces temps-là, se trouva dans le champ qu’il avoit fait préparer avec les cérémonies usitées. Deux anciens gentilshommes furent choisis pour être les juges du combat. Le maréchal avoit établi deux héraults. Chacun des combattants avoit deux parrains, deux écuyers, deux coustilliers et deux trompettes. Il y avoit une tente dressée à chaque bout du champ, dans chacune desquelles entrèrent les champions. On apporta les armes au milieu de la place. Un prêtre les bénit, et les combattants parurent. On leur lut les faits sur lesquels ils devoient combattre. Ils les approuvèrent et les ratifièrent. Ensuite leurs mains entrelacées les unes dans les autres, ils jurèrent sur les saints évangiles que la cause qu’ils soutenoient étoit juste, que leurs armes n’étoient point enchantées, qu’ils n’avoient sur eux ni charme, ni sorcellerie, et qu’ils se comporteroient en cette action comme preux et loyaux chevaliers. Après cela on les arma. Les parrains leurs ceignirent leurs épées. Les écuyers leurs donnèrent les chevaux et les boucliers. Ils reçurent des coustilliers la lance et la dague. Chacun des deux champions se plaça seul auprès de sa tente. Leurs assistans se retirèrent aux quatre coins ; et les héraults défendirent de favoriser ni l’un ni l’autre, suit de l’œil, soit de la main, par signe ou par parole. Ils