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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/240

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SUR DU GUESCLIN.

verneur de la forteresse que les François vouloient attaquer. Il avoit fait entrer dans la place beaucoup d’archers et d’arbalestriers anglois, dans la resolution de se bien defendre et de disputer au dauphin de France le terrain pied à pied. Il étoit d’autant plus engagé de soûtenir ce siège avec vigueur, que la reine Blanche, femme de Charles le Mauvais, roy de Navarre, y faisoit son séjour et n’avoit pas manqué de prendre toutes les précautions nécessaires, afin que cette place ne fût pas insultée.

Le Dauphin voulant garder quelques mesures de bienséance avec cette princesse, avant que d’en venir à l’assaut, luy depêcha quelqu’un de ses courtisans pour la porter à luy livrer la ville et le château, sous offre de la dédommager par le don de quelqu’autre domaine qui vaudroit encore davantage que ce qu’elle luy cederoit. La princesse fit appeller là dessus son conseil, pour apprendre de luy le party qu’elle avoit à prendre dans une occasion pareille. On ne luy conseilla pas de donner les mains à la proposition que luy fît faire le Dauphin, qui fut reçuë d’une manière également incivile et fiere, puis qu’elle luy fit dire que jamais cette place ne tomberoit dans ses mains, à moins qu’il ne la prît d’assaut, et par la brêche qu’il luy falloit ouvrir par le sang de tous les soldats qu’il avoit amené de Paris pour cette expedition, qui lui coûteroit plus qu’il ne pensoit.

Le Dauphin voyant que l’honnêteté ne pouvoit rien gagner sur l’esprit de cette princesse, eut recours à la force et prit le party d’attaquer vivement le château. Le gouverneur avoit eu le soin de se pourvoir de tous les vivres et de toutes les munitions nécessaires, outre