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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/253

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ANCIENS MÉMOIRES

importance que celle du pont : que c’étoit à cela qu’il falloit particulierement s’attacher, et que si l’on pouvoit emporter les deux premières, l’attaque et la prise du pont ne seroit pas dans la suite une affaire. Qu’il étoit donc de la dernière consequence de débuter par la tour de Meulan, qu’il falloit assieger dans les formes ; et comme les troupes destinées pour ce siege, qui pouroit peut-être durer longtemps, auroient beaucoup de fatigues à essuyer, il fut d’avis qu’on les logeât autour de Paris, dans de fort commodes endroits, afin qu’elles se pûssent délasser et refaire de leurs peines et de leurs travaux, et recouvrer de nouvelles forces, pour revenir à la charge quand il en seroit temps. Bertrand goûta fort le conseil du comte d’Auxerre, et luy témoigna qu’il étoit dans la resolution d’y entrer. On prépara donc toutes choses pour l’attaque de la ville. Bertrand fit sonner la trompette par tout le camp, afin que chacun fût alerte pour cette expédition. Tandis qu’il se donnoit du mouvement pour encourager ses troupes, et leur inspirer la résolution de bien payer de leurs personnes, les assiégez, qui le voyoient et le redoutoient, tirerent sur luy de dessus leurs murailles, un grand carreau de pierre, qui vint tomber aux pieds de son cheval, et qui l’auroit infailliblement tué s’il eût porté juste. Les arbalêtriers eurent ordre aussitôt d’ouvrir l’action, tirans sans cesse contre les assiégez, qui paroissoient sur les rempars pour les amuser et faciliter le dessein de Bertrand, qui se mit à la tête des gendarmes, et s’en alla tout droit se présenter aux barrières de la ville, qu’il abbatit à grands coups de hache, avec tant de bravoure et d’intrépidité, que