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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/257

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ANCIENS MÉMOIRES

vré de sa prison par le secours d’une grosse rançon, ne survécut pas long temps à sa liberté. Le retour qu’il fit en Angleterre lui coûta la vie. Cette perte tira des larmes des yeux de tous les François, qui regrettèrent avec une douleur extrême un si brave et si généreux souverain, dont le sort avoit été si déplorable.

Les Anglois et les Navarrois voulans tirer avantage de la consternation dans laquelle cette mort avoit jette toute la France, renouvellerent leurs alliances ensemble, et firent une nouvelle confederation, dont tout le but étoit la ruine de ce beau royaume. Ce fut dans cet esprit qu’ils se répandirent dans la Normandie, dont ils desolerent et pillerent toutes les campagnes, et s’acharnerent plus particulièrement sur les environs de Roüen et de Vernon, dont ils affectoient de desoler tout le voisinage. Bertrand les veilloit de fort prés, et lors qu’ils y pensoient le moins, il leur tomboit souvent sur le corps, et leur donnoit la chasse avec le peu de troupes qu’il commandoit. Mais il étoit tellement redouté, que ses ennemis tâchoient toujours d’éviter sa rencontre, et refusoient d’en venir au mains avec luy.

Le Dauphin se reposoit entierement sur luy, tandis qu’il n’étoit que duc de Normandie : mais depuis qu’il fut Roy, il luy donna le commandement de ses troupes, avec un pouvoir absolu de tout entreprendre, quand il en trouveroit une favorable occasion. Guesclin jura Dieu qu’il feroit les Anglois coùroucier, ou qu’il serait occis par eux en bataille. Il donna le rendez-vous à ses troupes à Roüen, qui fut le lieu qu’il marqua pour y assembler les généraux et les