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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/260

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SUR DU GUESCLIN.

sans rien faire, et qu’infailliblement trois jours ne se passeroient pas, sans qu’il y eût bataille. Guesclin fît la reveüe de ses gens à la sortie du pont de l’Arche, et trouva que ses troupes ne montoient qu’à seize cens hommes : il les encouragea de son mieux, en leur representant que le Ciel répandoit toujours sa benediction sur les armées qui soûtenoient la plus juste cause, et qu’ils dévoient se promettre qu’ils battroient les Anglois, quand même ils seroient deux contre un.

Il détacha sur l’heure quelques coureurs pour découvrir où pouvoit être le captal de Buc[1] et les Anglois qu’il commandoit, et leur donna l’ordre de le venir trouver à Cocherel pour luy en rendre compte. Ce fut où l’armée demeura campée jusqu’au retour des cavaliers qu’il avoit dépêché pour reconnoître les ennemis ; et comme Bertrand avoit envie de joüer des mains, il tenoit toujours ses gens en haleine, allant de rang en rang pour les disposer au combat, leur disant qu’ils devoient avoir devant les yeux la gloire des lys, et l’honneur de leur patrie, qui leur tendoit les bras pour leur demander du secours contre des étrangers qui la vouloient soumettre à leur joug ; que le ciel, au reste, se declareroit en leur faveur, puis qu’ils alloient entrer en lice pour la querelle de leur legitime souverain ; que s’il y avoit entr’eux quelqu’un dont la conscience luy reprochoit quelques péchez, il luy conseilloit d’aller incessamment aux Cordeliers pour s’y confesser, de peur que le déreglement des uns n’attirât la malédiction de Dieu sur les autres.

Ces paroles assûrerent davantage toute l’armée qu’on

  1. Jean de Grailly, captal (seigneur) de Buch, étoit gascon.