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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/266

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SUR DU GUESCLIN.

guerre, composé du comte d’Auxerre, du Besque de Vilaines, du vicomte de Beaumont, du grand maître des arbalêtriers, et de tous les autres chevaliers et seigneurs de l’armée, ausquels il témoigna qu’il étoit tout visible que les Anglois n’avoient pas envie de descendre de la montagne qu’ils occupoient, dans l’esperance qu’ils avoient que les François seroient bientôt obligez de desemparer, de peur de se voir affamez dans leur camp ; qu’il étoit donc d’avis qu’on leur envoyât un trompette pour les inviter au combat et leur marquer un champ de bataille où les deux armées pouroient mesurer leurs forces sur un égal terrain, sans que le poste de l’une fût plus avantageux que celuy de l’autre. Tout le monde donna les mains à la proposition de Bertrand, qui depêcha sur l’heure, un heraut au captal de Buc, pour sçavoir s’il vouloit accepter le party ; mais ce general, qui ne brûloit pas du desir de se battre comme Guesclin, luy répondit avec beaucoup de flegme qu’il ne consulteroit pas Bertrand sur ce qu’il avoit à faire en ce rencontre ; qu’il sçauroit choisir son temps à propos, et qu’il n’avoit garde de rien hasarder, sçachant qu’il luy venoit un secours fort considerable.

Bertrand voyant par cette réponse que le captal de Bue reculoit, prétendant tirer avantage du peu de vivres qui restoit dans le camp des François, que la faim pressoit beaucoup, tandis que les Anglois en avoient une fort grande abondance, s’avisa de suggerer d’autres moyens à son armée, pour engager les ennemis au combat. Il fit connoître à tous les officiers qu’il falloit plier bagage devant les Anglois, et faire semblant de fuir, pour les porter à descendre de la mon-