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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/273

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ANCIENS MÉMOIRES

accoûtumé de combattre. Le vicomte de Beaumont, le sire d’Ennequin grand maître des arbalêtriers de France, le Besque de Vilaines, le sire de Sempy, le sire de Ramabure et messire Enguerrant d’Eudin s’y distinguerent aussi par leur courage et par leur valeur. Les Anglois, aussi de leur côté, disputèrent longtemps le champ de bataille et tuerent beaucoup de chevaliers François, entre lesquels le sire de Betancour, Regnaut de Bournonville, Jean de Senarpont, Jean des Cayeux et Pierre de l’Epine, tous gens d’une illustre naissance, y laisserent la vie. L’on dit que le baron de Mareüil, qui tenoit pour les Anglois, tout fier de ce petit succès, crioit à pleine tête aprés Guesclin, comme le voulant affronter, et luy faire sentir que les choses prenoient un autre train qu’il ne s’étoit imaginé. Mais Bertrand, pour luy faire rentrer ces paroles en la bouche et le punir de sa temerité, revint sur luy tout en colère, et luy déchargea sur la tête un coup si violent, qu’il l’abbatit à ses pieds, et Guesclin l’alloit achever, s’il n’eût été promptement relevé par les siens, qui coururent à luy pour le secourir. La mêlée recommença pour lors avec plus de chaleur ; mais les Anglois succomberent à la fin, quelques efforts que fissent le captal de Buc et le baron de Mareüil pour leur inspirer du courage et leur faire reprendre leurs rangs, leurs disans toujours qu’il leur venoit un fort grand secours. Bertrand, de son côté, ne manquoit pas d’animer les siens, et de les exhorter à si bien combattre, qu’on pût donner au nouveau Roy, pour son joyeux avènement à la couronne, la nouvelle d’une victoire bien complette.

Ces paroles inspiroient une nouvelle chaleur aux