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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/276

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SUR DU GUESCLIN.

vous rendez, Je vous bouteray mon épée dans le corps. Le captal, sçachant qu’il étoit homme à faire le coup, ne se le fit pas dire deux fois. Il se rendit à luy sur l’heure. Pierre de Squanville suivit aussi son exemple, et luy tendit la main : si bien que tout le combat cessa dans l’instant. La plupart des Anglois furent tuez ou pris, et la victoire etoit tout à fait complette pour Guesclin, quand un espion luy vint dire que tout n’étoit pas encore achevé, qu’il avoit veu six vingt chevaux qui couroient à toute bride pour venir au secours des Anglois.

Bertrand voulant profiter de cet avis, fit aussitôt desarmer tous les prisonniers qu’il avoit dans les mains, pour les mettre hors de combat, et rangea ses gens en bataille, pour défaire ces recruës, qui venoient appuyer les Anglois. Il eut l’adresse de les envelopper, et de les tailler en pièces sans qu’il en pût échapper un seul, que le capitaine qui conduisoit ce secours, et qui, voyant que tout étoit perdu, se déroba de la mêlée pour s’en retourner au château de Nonencour, d’où il étoit sorty devant, à la tête de tout son monde ; et comme il avoit peur d’être dépoüillé sur sa route d’un habit tout en broderie, dont il étoit couvert, il alla chercher un sac dans un moulin, qu’il mit par dessus pour se déguiser, et sauver ainsi sa riche veste et sa propre vie. Quand le gouverneur le vit retourner tout seul dans ce bel équipage, il luy demanda la raison de tout ce changement. Ce capitaine luy fit le triste récit de tout ce qui s’étoit passé, luy disant que le captal et Pierre de Squanville étoient pris, que le baron de Mareüil, Jean Juüel et tous les autres chevaliers étoient morts, pris ou blessez à mort ; qu’enfin la defaite des Anglois