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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/281

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ANCIENS MÉMOIRES

mais comme ils ne pouvoient pas entamer les murailles de la tour, tous leurs efforts furent sans effet. Cette vaine tentative chagrinoit fort Bertrand. Il assembla là dessus son conseil de guerre. Le comte d’Auxerre fut d’avis que, puis qu’on ne pouvoit pas emporter ce château d’assaut, il falloit ou le battre avec des machines ou le miner. Tout le monde entra dans ce sentiment ; on envoya tirer de Saint Lo six batteries propres à lancer de gros carreaux de pierre ; mais les assiegez en évitoient les atteintes et les coups en les amortissant par des peaux de beuf fraîchement tuez qu’ils leur opposoient et par des gros ballots de laine et de coton qu’ils faisoient couler le long des murailles, aussitôt qu’ils voyoient la machine en action ; si bien que la violence de la pierre jettée venoit à se ralentir dans ces mous instrumens qui la recevoient.

Bertrand étoit au desespoir de ce que les assiegez rendoient ses efforts inutils, et se moquoient de ces grossiers stratagêmes qu’il employoit contr’eux : il ne luy restoit donc plus que celuy de la mine pour faire sauter cette tour ; mais comme elle étoit située sur un rocher, elle ny pouvoit mordre. Ces difficultez rebutèrent la plûpart des generaux qui vouloient laisser là toute l’entreprise. Le vicomte de Rohan et le seigneur de Beaumanoir étoient d’avis qu’on levât le piquet de devant ce château, dont le siège leur paroissoit impratiquable, pour aller secourir celuy d’Auray que le comte de Monfort, secondé de Robert Knole et de Chandos, avoit commencé d’attaquer en Bretagne. Ils soûtinrent que cette affaire étant de la derniere importance aux intérêts de Charles de Blois,