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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/287

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ANCIENS MÉMOIRES

la faveur de cette mine, faire glisser du monde jusques dans l’église de la place. Il goûta si bien cet avis qu’il résolut à prendre ce party sur le champ. Il s’arma donc sur l’heure, et se mettant à la tête de ses soldats les plus déterminez, il entra luy même dans la mine, et faisant marcher devant luy dix mineurs pour luy frayer le chemin de l’église, ils avancerent tous avec tant de vitesse et tant de secret, qu’ils se trouverent dedans sans avoir été découverts de personne. Les soldats, ravis de se voir dans la place par ce stratagème, crièrent Guesclin !. Les assiegez furent si surpris de cette subite apparition, qu’ils ne sçavoient si c’étoient des fantômes ou des hommes. La consternation fut si grande, qu’au lieu de se mettre sous les armes pour se defendre, ils ne balancerent point à se rendre.

Bertrand fit aussitôt arborer les lys de la France sur les rempara de cette forteresse, et fit amener devant luy tous les prisonniers dans une grande salle. Il se contenta de mettre à rançon les Anglois, traitant avec douceur Hugues de Caurelay, qui n’avoit soutenu le siege, avec tous ceux de sa nation, que pour le service du roy d’Angleterre et la gloire de leur patrie. Mais à l’égard des Normands qui furent trouvez dans la place, il les traita comme des rebelles, et les fit tous passer par les mains du bourreau. Les dépoüilles se partagerent dans la suite entre les soldats, et chacun s’alla reposer pour se delasser de toutes les fatigues que ce siege luy avoit fait essuyer. Bertrand eut bientôt de nouvelles occasions de signaler sa bravoure et son courage car Charles de Blois ayant appris que Jean de Montfort avoit mis le siege devant Aüray, luy depêcha des personnes afïidées pour le supplier de ne le