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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/297

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ANCIENS MÉMOIRES

Knole appuya fort ce sentiment, et dit qu’il falloit attendre que les François tentassent le passage de ce ruisseau ; qu’alors on les pourroit charger à coup sûr quand il en seroit passé la moitié. Cet avis étoit si judicieux et si salutaire, que le comte ne balança point à s’y rendre, et ne fît aucun mouvement, de peur de tout gâter en precipitant le combat.

Les François étoient toujours retranchez dans leur parc, et comptoient fort d’être attaquez cette même nuit. Ils s’étoient tenus pour cela sur leurs gardes, allumans force feux dans leur camp de peur d’être surpris, et postans sur les aîles des vedettes et des sentinelles pour veiller à tout. Guillaume de Launoy parut, à la pointe du jour, à la tête de ses arbalêtriers, pour observer la contenance des Anglois qui caraceloient de l’autre côté du ruisseau. Comme les mains démangeoient aux deux camps, et que l’emulation des deux nations ne leur donnoit point la patience d’attendre l’ordre de leurs généraux, il se fit quelques escarmouches de part et d’autre, où les François eurent toujours de l’avantage sur les Anglois. Jean de Chandos, craignant que ces derniers ne se commissent temerairement, et n’engageassent un combat prematuré, fit publier à son de trompe, que si quelqu’un sortoit de son rang pour escarmoûcher, il luy en coûteroit la vie, disant au comte qu’il étoit important au bien de ses affaires de laisser attaquer les François les premiers.