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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/302

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SUR DU GUESCLIN.

l’on s’acharna tant sur ce seigneur travesty, qu’on ne le quitta point qu’après l’avoir tué.

Charles se croyant pour lors au dessus de ses affaires, et seul maître de la Bretagne, s’écria sur le champ de bataille, qu’enfin Dieu l’avoit délivré d’un concurrent, qui luy avoit fait jusqu’alors de fâcheuses affaires. Mais la joye de ce prince fut bien vaine et bien courte ; car quand le comte de Monfort eut appris la mort de son parent, qui s’étoit sacrifié pour luy, ce fut pour lors que, la colere et l’emportement ne luy permettant plus de se posseder, il s’alla presenter devant Charles, qui fut bien surpris de revoir contre luy les armes à la main, celuy qu’il pensoit avoir expédié du monde. Cette nouvelle apparition le desola fort, et luy fit rabbattre beaucoup de ses espérances. Cependant pour ne se pas tout à fait décourager il recommença le combat avec une nouvelle ardeur, secondé de Bertrand Du Guesclin, du vicomte de Rohan, et du seigneur de Beaumanoir, qui firent en sa faveur des choses incroyables, et se surmonterent eux mêmes, et peut-être enfin que la victoire se seroit déclarée pour eux, s’ils n’eussent été chargez par derrière par les cinq cens lances que Caurelay tenoit cachez dans les genêts et dans les buissons, et qui prirent si bien leur temps qu’ils les attaquerent quand la chaleur de la mêlée commença de se ralentir. Bertrand fit volteface et soutint long temps le combat à grands coups d’une hache qu’il tenoit à deux mains.

L’on recommença de plus belle de part et d’autre. Le sang ruisseloit de toutes parts. Olivier de Clisson faisoit aussi de grands fracas de son côté, tenant un gros marteau de fer, dont il frappoit à droite et à