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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/31

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précis des guerres


de rendre ce tableau plus complet nous avons cru devoir remonter jusqu’à la première origine de ces guerres funestes que la France eut à soutenir contre l’Angleterre pendant près de trois cents ans.

Sous les foibles descendans de Charlemagne, les Normands, ou hommes du nord, venoient fondre sur les côtes de l’ancienne Neustrie, ravageoient nos provinces, et remontoient, chargés de butin, sur leurs vaisseaux, lorsqu’ils étoient pressés par les armées françaises. Rollon ou Raoul, l’un de leurs princes, ayant été chassé du Danemarck, prit avec lui des hommes déterminés, et, après avoir inutilement essayé de s’établir en Angleterre, d’où il fut repoussé par Alfred-le-Grand, il tourna ses vues vers la France, s’empara de la ville de Rouen, s’y fortifia, et de là fit des courses dans les provinces voisines. Charles-le-Simple, qui n’étoit pas en état de le combattre, ne trouva d’autre moyen de mettre le royaume à l’abri de ses brigandages, que de lui donner en mariage sa fille Giselle, et de lui céder à titre de fief relevant de la couronne, le pays qu’il occupoit et qui prit depuis le nom de Normandie. Le fier Normand exigea en outre qu’on lui abandonnât la Bretagne, qui devint arrière-fief, et ne se prêta qu’à peine à rendre hommage au Roi, suivant la coutume, pour recevoir l’investiture. Alfred-le-Grand avoit déjà eu recours à ce moyen, en cédant à des bandes de Danois l’Estanglie et le Northumberland ; mais il avoit été plusieurs fois obligé de prendre les armes contre eux.

Charles-le-Simple fut plus heureux ; Raoul se conduisit en vassal fidèle, ainsi que ses successeurs, Guillaume-Longue-Épée, Richard-sans-Peur, Richard-le-Bon,