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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/329

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ANCIENS MÉMOIRES

Bertrand leur déclara le sujet qui l’avoit fait venir auprés d’eux, leur disant que le roy de France, ulcéré contre Pierre, avoit dessein de le faire repentir de la mort cruelle qu’il avoit fait souffrir à la reine Blanche, sa belle-sœur, et que, pour punir ce cruel prince d’un si noir attentat, il avoit resolu de porter la guerre dans le sein de ses États ; que le Roy son maître l’avoit chargé de leur dire de sa part, que s’ils vouloient épouser un si juste ressentiment et luy prêter leurs troupes et leurs secours, il leur feroit non seulement payer la somme de deux cens mille livres comptant, mais leur ménageroit encore auprés du saint Pere l’absolution de tous les pechez qu’ils avoient jusqu’icy commis ; qu’il leur conseilloit de prendre ce party, d’autant plus qu’ils iroient dans un pais fort gras, dont la dépoüille les pouroit enrichir beaucoup.

Hugues de Caurelay prenant la parole luy repeta ce qu’il luy avoit déjà dit, qu’à l’exception du prince de Galles il le serviroit envers et contre tous. Bertrand luy ayant confirmé ce qu’il luy avoit déjà répondu, que le roy de France ne songeoit point à ce prince, le conjura d’engager les autres capitaines dans la resolution qu’il avoit prise d’entrer dans cette guerre. Caurelay ne manqua pas d’en faire aussitôt son affaire, et gagna tous les chefs, gascons, anglois, bretons, navarrois, qui luy donnerent tous leur parole de marcher sous les enseignes de Bertrand, au premier ordre qu’ils en recevroient. Il y en eut quelques uns qui se laisserent seulement entraîner par le plus grand nombre et qui regrettoient de sortir de la France, dont le pais leur paroissoit plus doux et plus agréable, et dont les dépouilles les accommodoient bien mieux