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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/33

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précis des guerres


l’empereur Henri IV avoit promis de protéger pendant l’expédition. Aussitôt après le débarquement il fit brûler ses vaisseaux, afin de ne laisser à ses troupes d’autre alternative que celle de vaincre ou de mourir. Harold, beau-frère d’Edouard, et le plus puissant prince du pays, sous le dernier règne, avoit été reconnu roi par la nation ; ses vertus sembloient le rendre digne du trône. La fortune trahit son courage, il fut défait le 14 octobre, dans les plaines d’Hastings, où il perdit la vie avec ses deux frères ; et, par cette seule victoire, Guillaume, qui fut surnommé le Conquérant, se trouva maître absolu de l’Angleterre. Avant de s’embarquer, il avoit pris l’engagement, s’il réussissoit dans son entreprise, de céder à Robert, son fils aîné, non-seulement le duché de Normandie, mais encore le comté du Maine qu’Hébert lui avoit laissé par testament ; devenu Roi, il refusa de remplir sa promesse.

La France ne pouvoit voir sans inquiétude l’accroissement de puissance d’un vassal déjà trop redoutable ; et dès-lors la Normandie fut, entre les deux États, un sujet de guerres toujours renaissantes, quelquefois suspendues par des traités ou par des trêves, bientôt reprises avec une nouvelle animosité. Les rois d’Angleterre ne pouvoient se décider à s’en dessaisir ; la France ne devoit point souffrir qu’un souverain rival occupât l’une des plus importantes provinces du royaume. Elle seconda donc Robert, qui se révolta contre son père, et fit soulever une partie de la Normandie. Guillaume vint défendre son duché. Au siège de Gerbroy, le père et le fils se rencontrèrent dans la mêlée ; Guillaume fut blessé et désarçonné par son fils, qui, l’ayant reconnu, le releva les larmes aux yeux, et lui donna son propre cheval.