Aller au contenu

Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/332

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
327
SUR DU GUESCLIN.

mille benedictions à Guesclin de ce qu’il avoit trouvé le secret de les en faire dénicher sans qu’il fut besoin d’en venir aux mains avec eux.

Le mouvement que cette formidable armée fit du côté d’Avignon fit trembler le Pape et tout le Conclave, qui faisoient alors leur residence dans cette belle ville. Sa Sainteté craignit qu’ils ne vinssent fondre sur la Provence pour la ravager, et pour prevenir le danger qui les ménaçoit tous, il s’avisa d’envoyer au devant d’eux un cardinal, pour apprendre le sujet qui leur faisoit faire tout ce mouvement, avec ordre de leur declarer de sa part, que s’ils passoient outre pour commettre des hostilitez et faire des ravages à leur ordinaire sur les terres de son obeïssance, il lanceroit contre eux les foudres de l’excommunication, pour les ranger à leur devoir, et leur apprendre à vivre en chrétiens et non pas comme des infidelles. Ce cardinal fit toutes les diligences possibles pour se rendre à leur camp et s’aquitter auprés d’eux de la commission dont le Pape l’avoit chargé. Il trouva sur sa route un Anglois qui l’assûra qu’il avoit à négocier avec des gens tout à fait impratiquables, et luy demanda s’il leur apportoit de l’argent, sans quoy il ny avoit rien à ménager.

Ce prelat fut extremement surpris de ce compliment, et vit bien qu’il auroit de la peine à sortir d’affaire avec ces gens là, sans qu’il en coûtât beaucoup à Sa Sainteté. Quand ils le virent approcher, ils luy firent la civilité de faire quelques pas pour venir au devant de luy. Bertrand Du Guesclin, le comte de la Marche, Arnould d’Endreghem, maréchal de France, Hugues de Caurelay, Jean d’Evreux, Gautier Huet,