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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/361

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ANCIENS MÉMOIRES

Burgos, entra dans cette grande ville avec ce superbe cortege. On fit retentir toutes les cloches avec le plus de fracas et de bruit que l’on put, pour témoigner la joye que tout le monde avoit de sa venüe. On logea toute l’armée dans les fauxbourgs, et ce nouveau Roy se rendit au palais avec Bertrand et les principaux seigneurs qui commandoient ses troupes, où l’attendoit un fort magnifique et splendide souper, qui luy fut d’autant plus agreable que plus de cent des plus nobles et des plus belles dames de la ville furent de ce repas. La table fut servie de viandes fort exquises et dont la délicatesse n’en empêchoit point l’abondance. Tout le peuple passa la nuit et le lendemain tout entier dans une rejoüissance à proportion. Le vin ruisseloit comme l’eau par toutes les rües, et l’on ne vit jamais de si grandes démonstrations de joye, que celle qui parut dans ce beau jour qui mettoit Henry dans la possession de Burgos. Il témoigna publiquement qu’il étoit redevable de tous ces succés et de toutes ces prosperitez à Bertrand, auquel il fit des caresses toutes particulieres, qui donnèrent à ce general un nouveau desir de pousser encore plus loin ses conquêtes en faveur d’un prince si reconnoissant, et de luy soumettre le cruel Pierre, qui ne meritoit pas de porter la Couronne.

Henry se croyant au dessus de toutes ses affaires, se persuada que pour s’affermir encore davantage dans le bonheur où il se voyoit, il étoit de la politique d’appeller au plûtôt sa femme à Burgos, pour la faire couronner avec luy. Cette princesse étant parfaitement belle et spirituelle, pouvoit beaucoup contribuer, par sa présence, à l’avancement de leurs communs inte-