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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/407

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ANCIENS MÉMOIRES

se reposoit beaucoup sur le courage, l’expérience et la fidélité de ce general, qui seul valoit une armée toute entiere. Hugues de Caurelay, chevalier anglois, vint prendre congé de ce prince, luy témoignant le déplaisir qu’il avoit de ce qu’il se voyoit obligé de quitter son service, l’assûrant que sans ce severe ordre qu’il avoit reçu de son maître, il se seroit fait un mérite de continuer jusqu’au bout ; et se tournant en suite du côté de Bertrand, il l’embrassa pour la derniere fois, le priant qu’ils se separassent bons amis, et que si dans le partage qu’ils avoient fait ensemble des dépoüilles qu’ils avoient gagnées dans les combats et par droit de guerre, il avoit plus reçu que luy, il étoit prêt de le dédommager avant que de partir. Comme Bertrand étoit fort genereux, il l’interrompit là dessus, luy disant qu’il ne vouloit pas descendre dans tout ce détail, et qu’il falloit qu’ils demeurassent tous deux quites et bons amis ; qu’au reste, quoyque cette séparation luy fût fort sensible, il le loüoit du zele et de la fidelité qu’il avoit pour son prince, pour qui l’on devoit tout sacrifier.

Henry se posseda le mieux qu’il luy fut possible, quand il vit sortir de sa cour et de son armée tant de braves chevaliers anglois qui l’avoient servy jusqu’à lors avec tant de succés. Il les voulut regaler de presens, après leur avoir témoigné qu’il ne perdroit jamais le souvenir de tant de belles actions qu’ils avoient faites en sa faveur ; mais ils le remercierent de toutes ses honnêtetez, s’estimans trop bien recompensez de la gloire qu’ils avoient acquise en portant les armes pour luy. Les choses s’étant ainsi passées avec une satisfaction reciproque, Henry tint conseil avec Bertrand et