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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/426

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SUR DU GUESCLIN.

d’Espagnols qui resta se tenoit caché derrière les François, dont la cavalerie les couvroit. Elle faisoit toujours bonne contenance criant tantôt Andreghem ! et tantôt Guesclin ! Celuy-cy disputoit toûjours le terrain pied à pied, faisant sentir à ceux qui l’approchoient la force de son bras, aux dépens de leur propre vie. Chandos qui voyoit cette poignée de gens se défendre avec tant de courage en voulut épargner le sang, en les conjurant de se rendre et de ne plus si temerairement exposer leur vie ; mais ny luy, ny le Besque de Vilaines n’en voulurent point entendre parler, encourageans toûjours leur gens à ne point desesperer encore du succés du combat : mais les Espagnols ne tenoient point ferme. Les Anglois les perçoient par derrière en fuyant, et le roy Pierre qui s’acharnoit sur eux comme sur des traîtres, commandoit aux Anglois d’en faire une cruelle boucherie.

Bertrand et le maréchal d’Andreghem soutenus des Bretons, Normans et François, éclaircissoient les rangs qui se presentoient devant eux à force de coups d’estramaçon dont ils assommoient les Anglois, jusques là que le maréchal arracha l’étendard d’Angleterre des mains de l’officier qui le tenoit, et le jettant par terre le foula aux pieds, et Bertrand charpentoit toûjours avec une égale furie. Quand il leur fallut enfin ceder à la multitude (car le prince de Galles et le duc de Lancastre s’apercevans qu’il n’y avoit plus de résistance que de ce côté là, firent un dernier effort pour les enveloper et les obliger à se rendre) le prince de Galles leur crioit à pleine tête de se remettre entre ses mains et qu’il auroit pour de si braves gens tous les égards qu’ils pouroient attendre de luy. Le roy Pierre