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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/432

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SUR DU GUESCLIN.

sentiment de tout ce qu’ils avoient fait contre luy ; qu’il leur pardonnoit tout le passé très sincerement, et qu’il auroit à l’avenir pour eux des bontez touttes paternelles, pourveu qu’ils y répondissent par la fidélité que des sujets doivent à leur souverain. Toutes ces protestations furent suivies d’un fort grand repas que le roy Pierre fit au prince de Galles, qui voulut que les dames fussent de la partie, pour mieux couronner cette prétenduë reconciliation.

Le roy Pierre poussa sa dissimulation jusqu’au bout, et comme il n’avoit plus besoin du prince de Galles, il en souhaitoit le départ. Il vint un jour le cajoler sur la generosité qu’il avoit fait éclater en sa faveur, et luy dit que tout l’argent de son royaume ne seroit jamais suffisant pour reconnoître le bon office qu’il venoit de luy rendre en le rétablissant dans ses États ; qu’il le prioit de trouver bon qu’il allât amasser une somme considérable pour le dédommager de ses frais, et le recompenser de tout ce qu’il avoit eu la bonté de faire pour luy, qu’il étoit au desespoir de ce que son païs étoit trop maigre et trop sterile pour nourrir le grand nombre de troupes qu’il commandoit ; mais que s’il luy plaisoit les faire retirer pour les mettre plus à leur aise, et luy marquer l’endroit où, quand il auroit fait tout son argent, il le pouroit trouver pour le luy porter, il ne manqueroit pas de s’y rendre à jour nommé pour le satisfaire et cultiver ensemble une amitié qui ne finiroit qu’avec la vie. Le prince de Galles, naturellement généreux et sincère, ne penetroit pas dans le méchant fonds de Pierre, et, croyant qu’il luy parloit dans un bon esprit, il se contenta de luy répondre qu’il alloit assembler son conseil là