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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/45

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précis des guerres


gence dura peu : elle fut troublée même avant leur embarquement pour la Syrie ; et Philippe, désespérant avec raison du succès d’une entreprise qui ne pouvoit réussir, lorsque les chefs étoient divisés, revint en France après la prise de Saint-Jean d’Acre ; il laissoit à Richard un corps de troupes considérable, et des fonds pour les entretenir. Il avoit promis de respecter les possessions anglaises pendant la croisade ; mais il se mit en mesure contre un rival que ses exploits presque fabuleux en Palestine, faisoient surnommer Cœur-de-Lion, et devoient rendre plus redoutable à son retour. Philippe entama donc des négociations avec Jean, frère de Richard, surnommé Jean-Sans-Terre, parce que Henri II ne lui avoit rien donné dans le partage qu’il fit de ses États entre ses enfans. Il profita aussi de l’éloignement de son rival pour abaisser la puissance du comte de Flandre et de quelques autres vassaux. Cependant, Richard étonnoit l’Asie par ses faits d’armes ; mais toujours emporté par son impétuosité, ses victoires affoiblissoient son armée, et n’amenoient aucun résultat. Tourmenté par les avis qu’on lui faisoit passer d’Europe sur les intrigues de Philippe, convaincu qu’il ne pourroit se rendre maître de Jérusalem, il signa avec Saladin une trêve de trois ans, trois mois, trois jours et trois heures, et s’embarqua pour revenir dans ses États. Comme il n’osoit traverser la France, il se dirigea par la mer Adriatique, fit naufrage auprès d’Aquilée, prit la route de l’Allemagne déguisé en pèlerin suivant les uns, en templier, ou en palefrenier suivant les autres ; mais ses libéralités le trahirent, et il fut arrêté par ordre de Léopold, duc d’Autriche, qu’il avoit