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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/452

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SUR DU GUESCLIN.

bonne foy, l’on ne doit point faire aucune violence pour sortir de prison, mais payer sa rançon de fort bonne grâce, et qu’aussi celuy qui la doit recevoir ne doit pas tenir la derniere rigueur à son prisonnier, mais en user genereusement avec luy. Le sire d’Albret, qui vouloit ménager quelque chose en faveur de Bertrand, ne laissa pas tomber ces paroles à terre. Il prit la liberté de demander à ce prince la permission de luy déclarer ce qu’il avoit en son absence entendu dire de luy. « Vous le pouvez, ajouta t’il, et je n’aurois pas sujet de me loüer d’aucun de mes courtisans qui ne me rapporteroit pas tout ce qu’on auroit avancé quelque part contre mon honneur et ma réputation. » D’Albret luy trancha le mot en luy declarant qu’on ne trouvoit pas qu’il fut juste de retenir dans ses prisons, de gayeté de cœur, un chevalier sans vouloir recevoir le prix de sa rançon, ny même l’entendre là dessus. Ce discours fut appuyé par Olivier de Clisson, qui luy confirma qu’il en avoit entendu parler de la sorte. Le prince se piqua d’honneur, et, voyant bien qu’on luy vouloit par là désigner Bertrand, il commanda sur l’heure qu’on le fît venir, disant qu’il le feroit luy même l’arbitre du prix de sa rançon, dont il ne payeroit que ce qu’il voudroit. Les gens qu’il envoya pour le tirer de la prison, le trouverent s’entretenant avec son valet de chambre pour se desennuyer. Il les reçut avec d’autant plus d’accueil et d’honnêteté, qu’il apprit d’eux qu’ils avoient ordre de luy annoncer une nouvelle qui ne luy déplairoit pas. Il fit aussitôt apporter du vin pour boire à leur santé. L’un d’eux luy dit qu’il avoit de fort bons amis à la cour de son maître ; qu’ils avoient si bien cajolé le prince en sa faveur,