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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/60

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entre la france et l’angleterre.

La mort de Henri I, roi de Navarre et comte de Champagne, vint encore augmenter la puissance du monarque français ; Henri ne laissoit qu’une seule fille nommée Jeanne : il avoit recommandé, par son testament, que cette jeune princesse (elle avoit trois ans) fût mariée en France. Philippe voulut lui faire épouser Louis, son fils aîné, qui n’en avoit que onze, afin de réunir la Navarre et la Champagne à la Couronne. Comme Jeanne et Louis étoient parens au troisième degré, il falloit une dispense du Pape ; et le Roi, auquel il devoit le comté Venaissin, se flattoit de l’obtenir facilement. Mais Grégoire X, craignant de trop accroître le pouvoir de la France, s’opposa au mariage de Jeanne avec l’héritier du trône, et n’accorda la dispense que pour Philippe, second fils du Roi. La mort prématurée du jeune Louis, mit sa prévoyance en défaut. La fortune sembloit ainsi se plaire à favoriser Philippe-le-Hardi ; et les pertes même de la famille royale assuroient un second royaume au prince qui devoit porter la couronne après lui. Des expéditions malheureuses, parce qu’elles furent mal concertées, troublèrent le cours de ces prospérités. Philippe avoit soumis les Navarrois révoltés contre leur Reine ; au lieu de poser les armes et de s’occuper de l’administration de ses vastes États, il entreprit une nouvelle guerre pour faire valoir ses droits au trône d’Arragon, droits sur lesquels saint Louis, plus sage, avoit cru devoir fermer les yeux. Alphonse, possesseur de ce trône, sut le défendre : il se lia avec Don Pèdre, roi de Castille, qui éleva des prétentions à la couronne de Naples, souleva les peuples déjà disposés à la révolte