par son impartialité, rejettent tous les torts du côté
de la France. Suivant leurs récits, après cette querelle
de matelots, qui ne devoit avoir aucune suite, des
vaisseaux anglais furent pillés, et leurs équipages
pendus pêle-mêle avec des chiens. Les Anglais usèrent,
à la vérité, de représailles ; mais Édouard s’engagea
à faire rendre justice aux parties intéressées, si elles
vouloient porter plainte à son tribunal ; il envoya
Edmond, comte de Lancastre, son frère, à Paris, pour
offrir satisfaction. Edmond se laissa tromper, signa
un traité par lequel on cédoit la Guyenne, que Philippe
devoit faire occuper, puis restituer immédiatement,
et qu’il déclara réunir à la Couronne. Hume
ajoute que dans cette circonstance Édouard se trouva
dupe du même artifice qu’il venoit de mettre en usage
avec l’Écosse. Les historiens français établissent, au
contraire, que les Anglais commirent les premiers
actes d’hostilité ; qu’Édouard, en prétendant faire
juger à Londres les réclamations des marins français,
se constituoit indépendant et manquoit à son devoir
de vassal ; qu’ainsi Philippe étoit autorisé à le faire
ajourner devant les pairs ; qu’en refusant de s’y rendre,
sous prétexte de santé, Édouard encouroit la confiscation
de ses fiefs, et que cette confiscation fut régulièrement
prononcée. Il est permis de croire que, des
deux côtés, on chercha à tirer parti des circonstances,
Édouard, pour essayer de secouer le joug du vasselage,
Philippe, pour enlever des provinces à un voisin
trop puissant. Le comte de Lancastre, qui étoit
venu en France pour négocier, avoit épousé la reine
douairière de Navarre, mère de Jeanne, femme du
Roi. Les deux reines ayant en vain cherché à ménager
Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/62
Cette page a été validée par deux contributeurs.
57
entre la france et l’angleterre.