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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 4.djvu/75

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précis des guerres


mandé, et se rendit à Poissy auprès du Roi : Philippe, en considération de sa fille, reçut son hommage, et pardonna les forfaitures que les Anglais avoient commises dans l’Aquitaine. Les anciens traités furent renouvelés entre les deux nations. Les chroniques du temps donnent de grands détails sur les fêtes qui eurent lieu, et parmi lesquelles on remarque des représentations de mystères, spectacle dont quelques historiens ne font à tort remonter l’origine qu’au règne de Charles VI. À peine ces fêtes étoient-elles terminées, que le Roi, ses trois fils, ses deux frères, le roi d’Angleterre son gendre, et les plus grands seigneurs des deux cours reçurent la croix des mains du légat du Pape. Les dames prirent aussi la croix : elles étoient dispensées de leur vœu, si leurs maris ne remplissoient pas le leur. La croisade fut prêchée dans les provinces ; mais elle n’excita que peu d’enthousiasme, et il n’y eut pas de réunion de troupes, pas même de plan arrêté pour l’expédition. Pendant les dernières années de son règne, Philippe fut obligé de porter la guerre en Flandre, dont les peuples ne laissoient échapper aucune occasion de manifester la haine qu’ils portoient aux Français, depuis que leur pays avoit été ravagé par nos armées. Cette guerre épuisa le royaume, et n’eut d’autre résultat que d’augmenter l’animosité des Flamands.

Philippe-le-Bel, dont le règne fut traversé par tant d’orages, réunissoit plusieurs des qualités qui caractérisent un grand prince. Vaillant, généreux, magnifique, il aima les lettres, les cultiva et les protégea ; il fonda l’université d’Orléans, et la reine Jeanne sa femme fonda le collège de Navarre : mais trop jaloux de son pouvoir, trop emporté dans ses vengeances,