armée ; les Flamands, commandés par un marchand
de poissons, nommé Colin Zannequin ou Dannequin,
montrèrent autant d’audace que de résolution ; ils pénétrèrent
dans le camp français, et faillirent surprendre
le Roi dans sa propre tente ; mais ils furent bientôt
enveloppés et taillés en pièces. « Il n’en échappa nul,
dit Froissard ; aucun ne recula ; tous furent tués et
morts l’un sur l’autre, sans yssir de la place en laquelle
la bataille commença. » Cet échec intimida
le pays, qui fut obligé de se soumettre, et Philippe,
lorsqu’il remit le comte en possession de ses États, lui
adressa ces paroles remarquables : « Beau cousin, je
suis venu ici sur la prière que vous m’en avez faite.
Peut-être avez-vous donné occasion à la révolte par
votre négligence à rendre la justice que vous devez
à vos peuples : c’est ce que je ne veux point examiner
pour le présent. Il m’a fallu faire de grandes
dépenses pour une telle expédition : j’aurois droit
de prétendre à quelque dédommagement, mais je
vous tiens quitte de tout, et je vous rends vos États
soumis et pacifiés. Gardez-vous bien de nous faire retourner
une seconde fois pour un pareil sujet : si votre
mauvaise administration m’obligeoit de revenir, ce
c(seroit moins pour vos intérêts que pour les miens. »
Au retour de cette expédition [1329], Philippe fît sommer Édouard, qui n’avoit point paru à son sacre, ainsi qu’il le devoit, comme vassal, de venir lui rendre hommage pour la Guyenne. L’orgueilleux Anglais refusa de recevoir les ambassadeurs, et fit répondre par sa mère que le fils d’un Roi n’iroit point s’humilier devant le fils d’un comte. Philippe mit sur-le-champ la Guyenne en séquestre, et menaça d’une