Aller au contenu

Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus clairvoyans : c’est pourquoi, s’humiliant en la considération de leur hautesse, et confessant que les plus grands esprits de ce monde y sont aveugles, il vaut mieux en quitter la contemplation et suivre le cours de notre histoire, disant que le monde fut délivré le 17 de mai de ce misérable parricide, qui, après avoir eu le poing coupé, été tenaillé en divers lieux de la ville, souffert les douleurs du plomb fondu et de l’huile bouillante jetés dans ses plaies, fut tiré vif à quatre chevaux, brûlé, et ses cendres jetées au vent.

Lors la maladie de penser à la mort des rois étoit si pestilentielle, que plusieurs esprits furent, à l’égard du fils, touchés et saisis d’une fureur semblable à celle de Ravaillac au respect du père. Un enfant même de douze ans osa bien dire qu’il seroit assez hardi pour tuer le jeune prince. Ses premiers juges le condamnèrent à la mort, dont ayant appelé, la nature fut assez clémente pour venger elle-même l’outrage qu’elle avoit reçu de ce monstre, en prévenant les châtimens qu’il devoit attendre de la justice des lois.

La Reine n’eut pas plus tôt satisfait à ce que sa douleur et les ressentimens de toute la France exigeoient d’elle, qu’elle fit renouveler l’édit deNantes dès le 22 de mai, pour assurer les huguenots et les retenir dans les bornes de leur devoir.

Et parce que, dans l’étonnement que la nouvelle de la mort du Roi porta dans toutes les provinces, quelques-uns, croyant, non sans apparence, que la perte de ce grand prince causeroit celle de l’État, s’étoient saisis des places fortes qui étoient dans leur bienséance, elle fit publier, le 27 de mai, une décla-