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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/109

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En ce temps, le duc d’Epemon, jugeant que la foiblesse de la minorité étoit une couverture favorable pour se tirer une épine du pied qui l’incommodoit fort, et rendoit son autorité au gouvernement de Metz moins absolue qu’il ne la désiroit, résolut d’ôter de la citadelle le sieur d’Arquien, que le feu Roi y avoit mis.

À cette fin, il obtint de la Reine, par surprise ou autrement, un commandement audit sieur d’Arquien de remettre entre ses mains ladite citadelle.

D’Arquien n’eut pas plutôt reçu ce commandement qu’il obéit, et n’eut pas plutôt obéi que la Reine, reconnoissant la faute qu’elle avoit faite, lui témoigna qu’elle eût bien désiré qu’il n’eût pas été si religieux et si prompt à suivre les ordres qu’il avoit reçus.

Ce gentilhomme fut fâché d’avoir mal fait en faisant bien, et cependant la Reine lui sut tant de gré de son aveugle obéissance, qu’elle lui confia le gouvernement de Calais, qui vaqua en ce temps-là par la mort du feu sieur de Vic, que les siens disoient être mort du regret qu’il avoit eu de la perte du feu Roi son bon maître.

Ledit sieur de Vic étoit d’assez basse naissance, mais d’une haute valeur, et qui par la noblesse de son courage releva glorieusement celle de son extraction.

Il fut long-temps capitaine au régiment des Gardes, où il se signala en tant d’occasions, que le Roi, en la journée d’Ivry, voulut qu’il fît la fonction de sergent de bataille[1], où il correspondit à l’attente de Sa Majesté, qui ne fut pas plutôt maître de Saint-Denis qu’il lui en donna le gouvernement, parce que cette place,

  1. Les sergens de bataille étoient en quelque sorte des adjudans généraux.