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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/115

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les autres eurent eu le dessus et le dessous, chacun à son tour, ils furent disgraciés et éloignés, plus par leur mauvaise conduite que par la puissance du maréchal d’Ancre et de sa femme.

La quatrième n’eut quasi autre règle que les volontés du maréchal et de sa femme, qui renversèrent souvent les meilleurs conseils par leur puissance.

Cette saison fut agitée de divers mouvemens estimés du vulgaire beaucoup plus violens qu’ils ne l’étoient, si l’on en considère la justice, et qui en effet étoient aussi utiles à l’État qu’ils sembloient rigoureux à ceux qui les souffroient les ayant mérités.

Entre les affaires de poids qui se présentèrent au commencement de cette régence, celle de la continuation ou du changement des desseins du feu Roi pour la protection des états de Juliers et de Clèves, fut la plus importante. La mort de ce duc, arrivée avant celle du Roi, ayant été suivie d’une grande dispute pour sa succession, les parties qui la prétendent s’y échauffent jusqu’aux armes ; les princes catholiques d’Allemagne favorisent une part, les protestans une autre ; les Hollandais et les Espagnols se mêlent en ce différend ; l’Anglais y soutient ceux de sa croyance ; plusieurs villes sont prises ; on craint que la trève de Flandre se rompe, et que le feu se mette en toute la chrétienté. Les uns conseilloient à la Reine d’abandonner cette affaire, le dessein de laquelle sembloit être rompu par la mort du feu Roi. On représenta qu’il n’étoit pas à propos d’irriter l’Espagne à l’avénement du Roi à sa couronne, ains qu’il valoit mieux, pour fortifier la jeunesse de Sa Majesté, s’allier avec elle par le nœud d’une double alliance. Les