Aller au contenu

Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/121

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais elle l’étoit bien au maréchal de Bouillon, qui, par l’habitude qu’il avoit aux brouilleries, et par la malice de son naturel, ne pouvoit souffrir le repos de l’État. Les bienfaits qu’il avoit reçus de la Reine avoient plutôt ouvert que rassasié l’appétit qu’il avoit de profiter de la minorité du Roi. Il se servit du marquis de Cœuvres[1], en qui le comte de Soissons avoit grande confiance, pour former l’union qu’il désiroit ; il l’engagea d’autant plus aisément à son dessein, qu’il lui protesta d’abord n’en avoir point d’autre que le service du Roi, qu’il détestoit et avoit en horreur les troubles et les guerres civiles.

Ensuite de cette première couche, il lui représenta que les divisions qui paroissoient entre M. le prince et M. le comte, et les serviteurs de l’un et de l’autre, ne pouvoient être utiles qu’aux ministres, qui seroient d’autant plus fidèlement attachés au Roi, qu’il y auroit un contre-poids dans la cour capable de les contenir en leur devoir ; qu’autrement ils rendroient de bons et de mauvais offices à qui il leur plairoit auprès de la Reine, avanceroient les leurs, et éloigneroient les plus gens de bien.

Qu’il croyoit que M. le comte avoit contribué à l’aversion que la Reine témoignoit avoir de lui, mais que cela n’empêchoit pas qu’il ne portât M. le prince à vivre en bonne intelligence avec lui ; ce qu’il estimoit si utile et si nécessaire à l’État, qu’il ne craignoit point que la Reine en eût connoissance, ains au contraire désiroit la parachever avec son consentement.

  1. Depuis maréchal d’Estrées ; il étoit frère de Gabrielle d’Estrées, maîtresse de Henri iv, et fut duc et pair. Il a écrit des Mémoires qui font partie de cette collection. Mort en 1670.