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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/123

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Il fit aussi l’ouverture du double mariage qui fut depuis contracté entre les enfans de France et d’Espagne ; et, par accord secret entre les ministres de l’État et lui, il fut arrêté que le Roi son maître n’assisteroit point les esprits brouillons de ce royaume, et que nous ne les troublerions point aussi dans leurs affaires d’Allemagne, qui n’étoient pas en petite confusion entre l’empereur Rodolphe et Mathias son frère, qui s’étoit élevé contre lui, et l’avoit dépouillé d’une partie de ses provinces héréditaires et de ses autres États.

Cet attentat de Mathias contre son frère, si âgé qu’il sembloit être à la veille de recueillir sa succession, fait bien paroître que l’ambition n’a point de bornes, et qu’il n’y a point de respects si saints et si sacrés qu’elle ne soit capable de violer pour venir à ses fins.

Il justifie encore la pratique d’Espagne, qui tient les frères des rois en tel état, que, s’ils ont tant soit peu de jugement, ils ne sauroient avoir la volonté de nuire, connoissant qu’on leur en a retranché tout pouvoir.

Le duc de Savoie, sachant la proposition du mariage d’Espagne, donna charge à ses ambassadeurs d’en faire de grandes plaintes ; il n’oublia pas de représenter que le feu Roi disoit que, pour la grandeur de son fils, il étoit beaucoup meilleur qu’il eût des beaux-pères inférieurs que égaux ; mais on eut peu d’égard à ses plaintes, bien lui envoya-t-on un ambassadeur, pour essayer de le contenter de paroles lorsqu’on ne pouvoit le satisfaite par les effets qu’il désiroit.

En ce temps la Reine se résolut de faire sacrer le