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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/133

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LIVRE II.


[1611] Au lieu que la première année de la régence de la Reine, que nous avons vue au livre précédent, conserva aucunement la majesté avec laquelle Henri-le-Grand avoit gouverné son État, celle-ci commence à en déchoir par la désunion des ministres, qui se font la guerre les uns aux autres, en sorte que trois réunis ensemble chassent le quatrième.

Nous avons déjà dit le sujet pour lequel on entreprit d’éloigner le duc de Sully. Le comte de Soissons, sollicité par les ministres plus que par l’ancienne animosité qu’il avoit eue contre lui, se rendit chef de ce parti, auquel il attira M. le prince.

Mais il marchoit si lentement en cette affaire, qu’il ne désiroit avancer qu’à mesure qu’on effectueroit les promesses qu’on lui avoit faites sur le sujet de ses intérêts, et particulièrement en ce qui étoit du mariage du prince d’Enghien, son fils, avec mademoiselle de Montpensier, qui, en vertu de ce complot, devoit être, à la sollicitation des ministres, agréé de la Reine.

Dès qu’il fut de retour du voyage qu’il avoit fait en Normandie, les ministres le pressèrent de parachever ce qui étoit projeté entre eux : il s’y portoit assez froidement ; mais deux querelles qui arrivèrent, donnant lieu à une plus étroite liaison entre M. le comte et Conchine, qui étoit de la partie, lui firent entreprendre cette affaire avec plus de chaleur.

La première arriva le 3 de janvier, entre M. de Bellegarde et le marquis d’Ancre, ce dernier voulant,