Aller au contenu

Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/159

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mence à épandre les semences de beaucoup de divisions que nous verrons bientôt éclore.

Dès le premier mois de la régence de la Reine il acheta le marquisat d’Ancre ; tôt après il récompensa le gouvernement de Péronne, Roye, Montdidier, la lieutenance de roi qu’avoit Créqui en Picardie.

Tregny, gouverneur de la ville et citadelle d’Amiens, étant mort durant l’assemblée de Saumur, il eut tant de crédit qu’il emporta ce gouvernement nonobstant les traverses que lui donnèrent les ministres, qui favorisoient d’autant plus hardiment La Curée en la même prétention, qu’ils croyoient lors le pouvoir de ce favori dépendre plus de sa femme que de lui-même, et qu’ils savoient ensuite qu’elle le reconnoissoit si présomptueux, qu’appréhendant d’en être méprisée si toutes choses lui réussissoient à souhait, elle étoit bien aise quelquefois de traverser ses desseins, pour qu’il eût besoin d’elle et ne se méconnût pas en son endroit.

Sur ce fondement ils s’opposèrent vertement au dessein du marquis ; mais leurs instances furent inutiles, parce que sa femme, désireuse d’honneurs, considérant qu’elle n’en pouvoit avoir sans le nom de son mari, n’oublia rien de ce qu’elle put auprès de la Reine pour obtenir ce gouvernement.

Cette opposition que les ministres firent en cette occasion contre le marquis d’Ancre commença à le dégoûter d’eux, et lui fit résoudre d’en prendre revanche lorsqu’il en auroit l’occasion. Il en falloit moins de sujet à un Italien pour le porter à leur ruine.

Son outrecuidapce lui donna bientôt un plus vif