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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/162

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cabinet de la Reine, et que le duc de Guise avoit soupé le jour précédent chez lui, mit tout aussitôt pied à terre ; mais il fut bien étonné lorsque, saluant le chevalier de Guise, il lui dit qu’il avoit mal parlé de lui chez une dame, et qu’il étoit là pour le faire mourir. Il le fut encore davantage voyant qu’il mettoit l’épée à la main pour effectuer ses paroles, mais non pas tant que, bien qu’il eût mauvaise vue, il ne vît la porte d’un notaire, nommé Briquet, ouverte, et ne s’y jetât avec telle diligence, que le chevalier, qui étoit accompagné de Montplaisir et de cinq ou six laquais avec épées, ne le pût attraper.

Ce dessein, qui fut blâmé de tout le monde, n’ayant pas réussi, les amis des uns et des autres moyennèrent un accommodement entre le chevalier et le marquis ; mais comme le sujet de la querelle qui fut mis en avant étoit simulé, l’accord qui fut fait fut semblable.

En ces entrefaites M. le prince arrivant à la cour, le comte de Soissons, qui étoit sur le point de s’en aller tenir les États de Normandie, n’ayant pu se raccommoder avec la Reine à cause des ministres qui l’empêchoient, désira, devant que de partir, s’aboucher avec M. le prince.

Beaumont, fils du premier président de Harlay, qui prenoit soin des intérêts de M. le prince, ménagea cette entrevue en sa maison près de Fontainebleau. Le marquis d’Ancre fut convié d’y être ; les ministres s’y opposèrent, mais il en obtint la permission de la Reine, lui persuadant qu’il prendroit bien garde qu’il ne se passât rien entre ces princes au préjudice de son autorité.