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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/167

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nuer cette pratique commencée, sur peine de prison et d’amende, ou de bannissement à faute de paiement d’icelle. Cette ordonnance fut exécutée avec tant de rigueur, que les catholiques et les huguenots se bandèrent contre le magistrat, les uns par piété et les autres par intérêt : tous coururent aux armes ; ils se saisirent des portes, tendirent les chaînes, et se rendirent maîtres de la ville. Attribuant la cause de ce rude procédé aux jésuites, ils s’animèrent contre eux jusqu’à tel point, qu’ils pillèrent leur maison et leur église, et les conduisirent à l’Hôtel-de-Ville, où ils couroient danger d’être mis à mort, si l’on n’eût publié que le père Jacquinot, qui par bonheur se trouva lors entre eux, étoit domestique de la Reine.

Ce bruit ne fut pas plutôt répandu que la sédition s’apaisa, et que ces bons religieux furent délivrés de la main de ces mutins, qui n’étoient leurs ennemis que parce qu’ils étoient serviteurs de Dieu. Cet accident faisant craindre qu’en un autre temps il en pût arriver quelque autre semblable, qui fît le mal dont celui-ci n’avoit fait que la peur, la Reine fut conseillée d’envoyer des ambassadeurs pour calmer cet orage en sorte qu’on n’eût pas à le craindre par après ; La Vieuville et Villiers-Hotman furent choisis à cet effet.

Ils ne furent pas plus tôt arrivés, qu’étant assistés des ambassadeurs des princes de Juliers, ils composèrent tout le différend, en sorte que l’exercice de la religion catholique demeura seul dans l’ancienne ville de Charlemagne, celui des différentes religions permises dans l’Empire pouvant être fait hors l’enceinte