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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/174

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LIVRE III.


[1612] En cette année les orages s’assemblent, qui doivent éclater en tonnerres et en foudres les années suivantes. L’union qui fut faite entre messieurs le prince et le comte, avant le partement du dernier pour aller aux États en Normandie, tend à la division et à la ruine de ceux dont la conservation est la plus nécessaire pour la paix publique, et il n’y a moyen injuste qu’elle ne tente pour parvenir à cette fin.

Le comte de Soissons revient des États avec la même volonté contre les ministres qu’il y avoit portée, et elle s’accrut lorsqu’il trouva à son retour que le marquis d’Ancre, qui s’étoit vu déchu des bonnes grâces de la Reine, s’étoit rangé avec eux pour s’y raffermir, et lui faisoit paroître quelque refroidissement, qui, passant jusqu’à ne le vouloir plus voir, se termina enfin par une rupture entière.

Le marquis de Cœuvres, qui se tenoit offensé de la froideur avec laquelle le marquis d’Ancre s’étoit porté en l’affaire de la charge qu’il prétendoit auprès de Monsieur, se mit du côté de M. le comte, et, étant recherché du marquis d’Ancre, témoigna qu’il désiroit plutôt servir à le remettre bien avec M. le comte que non pas penser à son intérêt particulier.

Ensuite Dolé, s’étant abouché avec lui chez le sieur de Harancourt, voulut renouer la négociation du mariage dont nous avons parlé ; mais il proposoit que, sans en parler à la Reine, M. le comte et le marquis d’Ancre s’y engageassent seulement entre eux : à quoi