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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/184

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Mais ce différend fut incontinent assoupi parce qu’on lui accorda tout ce qu’il demandoit, sous la parole qu’il donna à Leurs Majestés que deux heures après qu’il auroit fait cet établissement de la garnison de Quillebeuf il en sortiroit, pour assurance de quoi le marquis de Cœuvres demeura près de Leurs Majestés durant que ce changement se faisoit.

Cette longue demeure de M. le comte en Normandie ennuyoit fort au marquis d’Ancre, qui étoit si passionné de perdre le chancelier, selon qu’il en étoit convenu avec M. le comte, qu’il lui sembloit qu’il n’y avoit aucune affaire de conséquence égale à celle-là qui le pût retenir en Normandie ; et ce qui augmentoit son impatience étoit qu’en ce temps se fit la découverte d’un dessein, qui sembla d’autant plus étrange qu’il est peu ordinaire d’en pratiquer de semblables dans ce royaume.

Le duc de Bellegarde étoit si jaloux de la faveur que le maréchal et la maréchale sa femme avoient auprès de la Reine, et si désireux d’occuper leur place, que, ne pouvant, par moyens humains, parvenir à ses fins, il se laissa aller à la curiosité de voir si, par voies diaboliques, il pourroit satisfaire le déréglement de sa passion. Moysset, qui de simple tailleur étoit devenu riche partisan, homme fort déréglé en ses lubricités et curiosités illicites tout ensemble, lui proposa que s’il vouloit il lui mettroit des gens en main qui, par le moyen d’un miroir enchanté, lui feraient voir jusqu’à quel point étoit la faveur du maréchal et de la maréchale, et lui donneroient moyen d’avoir autant de part qu’eux en la bienveillance de la Reine. Le duc n’entend pas plus tôt cette