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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/190

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en cette place il étoit en possession et exercice.

La Reine-mère, qui ne croyoit pas les desseins du duc de Rohan bons, et qui étoit assurée de l’intention du sieur de Brassac à bien servir, lui manda qu’il gardât soigneusement que le duc de Rohan ne se saisît de la place, évitant néanmoins d’en venir aux extrémités, de peur que cela ne fit émotion par toute la France, et ne servît de prétexte à ceux qui étoient prêts de brouiller.

Ils demeurèrent huit mois en cet état-là, M. de Brassac le plus fort dans la ville, et l’autre tâchant d’y gagner le dessus ; ce qui lui étant impossible, il eut recours à une autre voie, et, par le moyen de ses amis qu’il avoit à la cour, s’accommoda avec la Reine, promit de l’aller trouver pourvu que Brassac y allât aussi : l’accord fut fait, ils furent mandés tous deux, et s’y acheminèrent ensemble.

Quinze jours après, le sieur de Rohan feignit une maladie arrivée à son frère, demande congé à la Reine pour l’aller voir : il part, s’achemine en Bretagne où l’autre étoit, puis s’en va dans Saint-Jean-d’Angely, où d’abord, ayant étonné les habitans, qui ne voyoient plus le sieur de Brassac, il chassa le sergent-major de la garnison[1], nommé Grateloup, natif de la ville, mais bien serviteur du Roi ; mit aussi dehors le lieutenant de la compagnie de M. de Brassac, qui étoit un fort vieux homme, que le feu Roi lui avoit baillé, et encore quelques autres habitans. Ce qui ayant été su à la cour, on assemble le conseil, où messieurs les maréchaux de Lesdiguières et de Bouillon se trouvèrent ; là on mit en délibération si l’on devoit ren-

  1. Le sergent-major de la garnison : l’adjudant de place.