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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/208

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venu, le nonce leur envoya la censure qui en avoit été faite à Rome le 3 de janvier, par laquelle on mettoit ce livre en la seconde classe des livres défendus. Cette censure leur étant présentée en leur assemblée le premier jour de février, ils ne passèrent pas outre à en faire une nouvelle ; et ainsi toutes choses étoient en paix dans le royaume : ni les huguenots ne nous donnoient occasion de crainte, ni ne restoit entre nous aucune contention sur le sujet de la doctrine qui nous pût agiter.

Ce grand repos donna lieu aux ministres de penser seulement à unir la faveur du marquis d’Ancre à leur autorité, sans se soucier de rappeler les princes, ou, pour mieux dire, sans leur vouloir témoigner qu’on eût besoin d’eux.

À cette fin, peu de jours après leur départ, un des amis du sieur de Villeroy vint sonder le marquis de Cœuvres, pour savoir si le marquis d’Ancre voudroit prêter l’oreille à s’accommoder avec les ministres, et lui représenta que c’étoit son avantage, tant pour la sûreté de sa personne que pour la facilité de s’accroître en honneur, et pour le repos d’esprit et contentement de la Reine, qui, l’aimant et sa femme comme ses créatures, ne pouvoit qu’avec déplaisir les voir appointés contraires avec ceux du conseil desquels elle se servoit en la conduite de l’État.

Pour assurance de cette réconciliation, on lui propose le mariage du marquis de Villeroy avec la fille du marquis d’Ancre. Le marquis de Cœuvres ne rejette pas cette proposition, et lui en parte en présence de Dolé. De prime abord il la refuse, de crainte qu’elle ne lui soit faite que pour le mettre en mauvaise