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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/258

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Le respect dont M. le prince usa en cette occasion, de rendre au Roi cette place, suivant la condition avec laquelle il l’avoit reçue, sans attendre qu’on la lui demandât, ne fut pas suivi du duc d’Epernon, qui, à la face des États, usa d’une violence inouïe contre l’honneur dû au parlement.

Un soldat du régiment des Gardes fut mis prisonnier au faubourg Saint-Germain, pour avoir tué en duel un de ses camarades. Le duc d’Epernon prétendant, comme colonel général de l’infanterie française, en devoir être le juge, l’envoya demander. Sur le refus qui lui en fut fait, il tire quelques soldats d’une des compagnies qui étoient en garde au Louvre, fait briser les prisons et enlever le soldat.

Le bailli de Saint-Germain en fait sa plainte à la cour le 15 de novembre ; elle commet deux conseillers pour en informer. Le duc d’Epernon, offensé de ce qu’on y travailloit, va, le 19 du mois, au Palais, si bien accompagné qu’il ne craignoit point qu’on lui pût faire mal, et, à la levée de la cour, les siens se tenant en la grande salle et en la galerie des Merciers, se moquoient de messieurs du parlement à mesure qu’ils sortoient, et aux paroles et gestes de mépris ajoutèrent quelques coups d’éperons, dont ils perçoient et embarrassoient leurs robes ; de sorte qu’aucuns furent contraints de retourner, et ceux qui n’étoient pas encore sortis se tinrent enfermés jusqu’à ce que cet orage fût passé.

Cette action sembla si atroce que chacun prit part à l’offense. La cour s’assembla le 24 de novembre, qui étoit le jour de l’ouverture du parlement, pour délibérer quelle punition elle prendroit de ce crime,