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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/287

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honneurs et devoirs d’amitié qu’elle pouvoit attendre de la moindre princesse. L’abaissement de sa condition étoit si relevé par la bonté et les vertus royales qui étoient en elle, qu’elle n’en étoit point en mépris. Vraie héritière de la maison de Valois, elle ne fit jamais don à personne sans excuse de donner si peu, et le présent ne fut jamais si grand qu’il ne lui restât toujours un désir de donner davantage si elle en eût eu le pouvoir ; et, s’il sembloit quelquefois qu’elle départît ses libéralités sans beaucoup de discernement, c’étoit qu’elle aimoit mieux donner à une personne indigne que manquer de donner à quelqu’un qui l’eût mérité. Elle étoit le refuge des hommes de lettres, aimoit à les entendre parler, sa table en étoit toujours environnée, et elle apprit tant en leur conversation, qu’elle parloit mieux que femme de son temps, et écrivoit plus élégamment que la condition ordinaire de son sexe ne portoit. Enfin, comme la charité est la reine des vertus, cette grande Reine couronne les siennes par celle de l’aumône, qu’elle départoit si abondamment à tous les nécessiteux, qu’il n’y avoit maison religieuse dans Paris qui ne s’en sentît, ni pauvre qui eût recours à elle sans en tirer assistance. Aussi Dieu récompensa avec usure, par sa miséricorde, celle qu’elle exerçoit envers les siens, lui donnant la grâce de faire une fin si chrétienne, que, si elle eut sujet de porter envie à d’autres durant sa vie, on en eut davantage de lui en porter à sa mort.

Quand M. le prince et ceux de son parti demandèrent les États, ce ne fut que pour dresser un piége à la Reine, espérant d’y faire naître beaucoup de dif-