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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/327

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conserver sa puissance, demeurant dans son gouvernement, où il étoit environné de tout le corps des huguenots. Ils n’oublièrent pas de lui faire connoître qu’il n’y avoit pas beaucoup de sûreté pour lui à retourner dans la cour ; qu’à un homme comme lui, il ne falloit ou jamais prendre les armes, ou jamais les poser contre son maître ; et qu’après les avoir deux fois prises, il n’y avoit pas grande apparence de faire un assuré fondement sur quelques promesses que lui pussent faire Leurs Majestés ; qu’en chose de si grande importance on ne faisoit jamais qu’une faute, et qu’il seroit blâmé si, sur quelque petite espérance de profiter dans les finances, il se désunissoit d’avec tous ceux qui lui étoient associés, et se mettoit en danger de se perdre, et eux avec lui.

Mais si leurs remontrances étoient fortes en elles-mêmes, sa propre passion l’étoit davantage envers lui ; joint que ses serviteurs, qui n’espéroient pas pouvoir ailleurs si bien faire leurs affaires qu’à la cour, le fortifioient en son inclination. En quoi le maréchal de Bouillon, qui considéroit ne pouvoir être tout à la fois en Guienne auprès dudit sieur prince, et à Sedan dont son propre intérêt l’obligeoit de s’approcher, l’appuyoit par toutes les raisons que la fertilité de son esprit lui pouvoit suggérer.

Ainsi M. le prince, charmé par les trompeuses apparences de la cour, et attiré par sa passion et par les conseils que ses serviteurs et ses amis lui donnèrent pour leur propre utilité, se résolut à la paix, à laquelle aussi Sa Majesté, nonobstant les conseils qu’on lui avoit donnés au contraire, avoit eu agréable d’entendre.