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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/342

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tude qu’un homme qui n’eût jamais été courtisan eût eu honte qu’on lui eût pu reprocher.

En ce temps la Reine ayant été avertie par ses serviteurs de l’adresse et des artifices dont le sieur de Luynes usoit auprès du Roi pour lui rendre sa conduite odieuse, lui en représentant les manquemens plus grands qu’ils n’étoient, et amoindrissant ce qui étoit à louer, se résolut de lui offrir de se démettre de l’autorité qu’il lui avoit donnée, et la consigner en ses mains, jugeant bien qu’il ne la recevroit pas, et que cette offre, néanmoins, feroit en son esprit l’effet qu’elle désiroit, qui étoit de lui ôter la créance qu’elle eût un désir démesuré de continuer son gouvernement, auquel elle étoit portée par ambition particulière, non pour le bien de son service, ni que la nécessité publique le requît.

Elle le supplia pour ce sujet d’avoir agréable de prendre jour pour aller au parlement, où, après lui avoir justifié combien elle étoit éloignée de ces sentimens, elle désiroit se décharger du soin de ses affaires ; qu’il trouveroit que par le passé on n’avoit pu conduire les choses plus heureusement, et qu’ayant fait tout ce qu’elle avoit dû pour lui assurer la couronne, il étoit bien raisonnable qu’il prît cette peine pour lui de procurer son repos ; qu’il lui fâchoit, après tant de glorieuses preuves qu’elle avoit données de sa passion au bien de cet État, de se voir en peine de défendre ses intentions contre des calomnies secrètes.

Comme elle n’avoit rien à craindre de son naturel, aussi voyoit-elle qu’elle avoit juste sujet de se défier de son âge ; qu’elle prévoyoit que, si on avoit eu