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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/346

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que la Reine lui dépêcha plusieurs personnes l’une après l’autre, et lui aussi lui en dépêcha de même, chacun desquels se vantoit avoir le plus de créance auprès de lui. Et de fait, toutes les lettres qu’il écrivoit par eux étoient en une créance fort particulière, et la plupart contraires les unes aux autres : ce qui fit que, pour démêler ces fusées, la Reine me dépêcha vers lui, croyant que j’aurois assez de fidélité et d’adresse pour dissiper les nuages de la défiance que les mauvais esprits lui donnoient d’elle contre la vérité : ce qui me réussit, non sans peine, assez heureusement, l’ayant en peu de temps rendu capable de l’avantage que la Reine recevroit de sa présence, de l’affermissement qu’elle donneroit à la paix, de l’autorité qu’elle apporteroit aux résolutions du conseil, de l’espérance qu’elle ôteroit aux brouillons de voir leurs mauvaises volontés appuyées, et du repos qu’elle donneroit à l’esprit de Sa Majesté, qui ne pouvoit plus davantage supporter les soins et les craintes perpétuelles où ces divisions passées l’avoient tenue si long-temps ; pour toutes lesquelles raisons il ne pouvoit raisonnablement douter qu’elle n’eût sa présence très-agréable, et lui donnât toutes les satisfactions qu’elle pourroit pour le retenir auprès du Roi, en la dignité et au crédit que sa qualité et son affection au service de Sa Majesté lui faisoient mériter ; outre que je lui donnai assurance, de la part de la maréchale, qu’elle emploieroit ce que son mari et elle auroient de pouvoir auprès d’elle, pour le maintenir en l’honneur de ses bonnes grâces, et que, si jusqu’ici ils l’avoient fait, comme il en pouvoit lui-même être bon témoin, ils n’y manqueroient pas