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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/360

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mèneroit à la raison, et que le bon traitement qu’ils recevoient les gagneroit, étoit vaine, et qu’enfin elle seroit contrainte de repousser leurs mauvais desseins par la force des armes, dont la pensée seule lui faisoit horreur.

M. le prince ayant eu avis de cette affaire avant la Reine, d’autant qu’elle ne s’étoit pas faite sans son consentement, s’en alla à l’heure même en une terre qu’il avoit achetée auprès de Melun, soit afin que son absence retardât le conseil que l’on avoit à prendre en cet accident, et en fît le remède plus difficile, soit afin de laisser évaporer le premier feu de la colère que la Reine en avoit, et ne laisser lui-même échapper aucune parole qui pût donner soupçon qu’il eût part en cette action ; mais la Reine ayant dépêché vers lui en diligence pour le convier de venir, il ne s’en put excuser. Toutefois il ne laissa pas en venant de faire une nouvelle faute ; car, quelqu’un des siens l’étant venu avertir que M. de Bouillon l’attendoit chez M. de Mayenne, il passa par là avant que d’aller au Louvre, quoique les plus sages lui conseillassent d’aller vers la Reine auparavant.

Les siens parloient si insolemment de cette affaire, qu’ils témoignoient assez y avoir eu part. La Reine crut que, selon la maxime commune, ceux qui ont fait les fautes étant les plus propres à les réparer, il étoit bon d’envoyer à M. de Longueville M. de Bouillon, qui étoit l’oracle du parti, pour lui faire reconnoître l’offense qu’il avoit commise, et l’obliger à satisfaire à Sa Majesté en remettant la chose en son entier. Il sembla partir si peu volontiers et avec si peu d’espérance de son voyage, que, quoique Leurs