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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/368

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manquant pas de serviteurs qui le lui conseilleroient et l’cnhardiroient s’il en étoit besoin ; que, quant à lui, il n’y voyoit qu’un remède, qui étoit de l’éloigner d’auprès du Roi quand ils auroient fait le coup. Tel eût bien été de son avis qui n’osa pas lâcher la parole comme lui ; d’autres trouvèrent la proposition étrange, et tous ne répondirent que du silence et du chapeau. Le duc de Guise seul prit la parole, et dit qu’il y avoit grande différence de se prendre au maréchal d’Ancre, homme de néant, l’opprobre et la haine de la France et la ruine des affaires du Roi, ou perdre le respect qu’on devoit à la Reine mère du Roi, et faire entreprise contre sa personne ; quant à lui, qu’il haïssoit le maréchal, mais qu’il étoit très-humble serviteur de Sa Majesté.

Cette réponse faisoit assez paroître que M. de Guise étoit serviteur de la Reine ; mais la haine qu’il témoigna avoir du maréchal fit que les autres ne se cachèrent pas de lui. M. le prince seulement s’en refroidit un peu, craignant que, quand ils se seroient défaits du maréchal, le duc de Guise en recueillît seul tout l’avantage et le profit, et entrât seul dans la confiance de la Reine, dans l’aversion et haine de laquelle ils demeureroient tous. Il ne laissa pas de poursuivre néanmoins, et l’audace de lui et des siens croissoit de jour en jour ; de sorte que la Reine recevoit souvent des paroles trop hardies de ceux de son parti, jusqu’à lui oser dire de sa part une fois qu’elle avoit fait bon visage à quelques seigneurs de la cour, qu’il ne trouvoit pas bon qu’elle lui débauchât ses amis ; et une autre fois il lui manda, sur le sujet de M. de Guise, qu’il vouloit bien qu’elle sût que lui et ses