Aller au contenu

Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/390

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

étoit chez lui, où il faisoit quelques assemblées. Saint-Geran étoit un de ceux qui le lui dirent, et quelques autres encore qui étoient de ses plus confidens, lesquels s’offrirent eux-mêmes à s’aller saisir de sa personne ; on leur en donna la commission, mais il les prévint, sortit par uneporte de derrière, et s’en alla en diligence. On le poursuivit quelque peu ; mais l’envie qu’il avoit de se sauver étant plus grande que n’étoit pas à le prendre celle de ceux qu’on y avoit envoyés, ils ne le purent attraper ; il gagna Verneuil au Perche, place qui étoit entre ses mains, et de là passa à La Fère. Quelques-uns soupçonnèrent qu’au même temps que Saint-Geran, qui fut envoyé pour le prendre, investissoit le devant de sa maison, il le fit avertir de sortir par un autre côté.

Il fut le seul après qui la Reine envoya, ayant cru que messieurs de Mayenne et de Bouillon s’étoient sauvés trop tôt pour pouvoir être atteints. Et quant à M. de Guise, comme elle n’avoit eu aucun dessein de le faire arrêter, elle ne l’eut aussi de le faire poursuivre, tant parce qu’il avoit été de ceux qui avoient découvert le péril où étoient Leurs Majestés, que parce qu’elle ne se vouloit pas attaquer à tant de gens, et qu’elle et le conseil connoissoient bien que si la légèreté de ce prince l’avoit rendu capable de prêter l’oreille aux mauvais desseins des autres, cette même raison empêcheroit qu’il ne pût demeurer dans leur union ; joint que ses intérêts, dont la plupart des grands sont fort curieux, se trouvoient à servir le Roi.

Madame la comtesse fit aussi sortir son fils, et ainsi la cour se trouva vide de beaucoup de grands, et le Roi presque sans aucun prince auprès de lui.